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Forme et au-delà

 

La forme architecturale est ce qui représente le plus communément l’architecture parce qu’il est plus facile de représenter une forme (photo, dessin…) que des flux ou impressions d’espaces.

Mais la forme n’est pas l’architecture. Elle n’est que sa gangue. Elle est la couverture originale du livre. Or une couverture attractive ne signifie pas qu’un livre est intéressant. Inversement une couverture banale peut dissimuler un bon livre. L’architecte ne doit pas se contenter de ne créer qu’une couverture, il n’est pas le couturier d’une belle robe, il crée le livre entièrement : son organisation, son squelette, sa forme, son style et son enveloppe.

Ce n’est donc qu’après avoir pris en compte ces paramètres, qu’il faut prendre conscience que la couverture a une grande importance, c’est elle qui crée le premier contact, elle qui va dire, qui va attirer. Une bonne couverture est une couverture qui n’est pas qu’un apparat décoratif mais un élément de la substance, elle devient la peau… laissant parfois apparaître la chaire. Cette gangue est régit par des phénomènes propres à son temps (nouvelles technologies, modes, tendances…). Mais elle doit avant tout flirter avec l’intemporalité : c’est-à-dire qu’elle doit à la fois être ancrée dans son époque « pétrification d’un moment de culture » (Jean Nouvel) et à la fois la transcender en se situant dans un au-delà hors temps.

Pour cela, même si elle peut être complexe, la forme doit pouvoir se résumer de manière concise en quelques coups de crayon, s’exprimer par un schéma simplifié et identifiable… pour peut-être devenir symbole et marquer ainsi de façon pérenne son lieu d’implantation. La couverture doit répondre à des critères esthétiques irrationnels ayant traversés temps et cultures, elle joue avec un équilibre en cherchant du nouveau. Elle s’appuie sur les équilibres du passé pour parfois les transgresser : sculpture de Michel Ange, peinture de Lascaux, architecture de Brunelleschi, Wright, Guggenheim de Ghery, prose de Rimbaud, peinture de Van gogh…

Le travail de la couverture peut laisser transpirer ou apparaître des éléments du livre mettre à nu ses nerfs, voir couler son sang (pour reprendre des images anthropomorphiques !) car la couverture n’a pas qu’un rôle d’apparat. C’est elle qui protège, qui délimite son contenu, son existence. Elle est la surface en contact avec l’environnement extérieur. Il s’agit d’une peau : substance essentielle ?… à réinventer

 

Eric Cassar 2007

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