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2005 – Parc funéraire

 


 
Projet Nouveau parc funéraire, nouvelles tombes
Équipe Éric Cassar

 

L’idée
Un cimetière est un lieu où l’on enterre les morts. C’est un lieu de préservation de leur mémoire. Plus encore que n’importe quel autre lieu il invite quasi exclusivement aux souvenirs. Le cimetière est un réceptacle de souvenirs en rassemblant les corps d’humains d’un autre temps, de vivants du passé.
Il est un lieu de rencontre privilégié (et unilatéral) des vivants et des morts. Différentes temporalités s’y superposent, les passés inertes et le mouvement du présent, de la vie qui se perpétue.

L’idée est de secouer le passé, y remettre du mouvement et repositionner la vie au cœur de la mort pour moins briser le flux du temps.

Le cimetière est généralement constitué de tombes avec des stèles.
La tombe contient le cercueil à l’intérieur duquel est conservé le corps du mort, de la même façon nous souhaitons conserver (et donner à voir) des morceaux de la vie du mort. Enfermer des instants de vie du passé de manière à mettre davantage en dialogue les différentes temporalités (celle du vivant qui se promène ou rend visite et celle du mort). Que le mort propose un morceau de sa vie au vivant rappelant ainsi que la vie (condition sine qua none de la mort) succède à la vie, toujours recommencée, dans un cercle sans fin ou presque…

 
La formalisation

Le processus consiste à ajouter à la boite contenant le corps en contact avec la terre (cercueil sous la tombe) une autre boite (cube ou parallélépipède rectangle, environ 50 à 60 cm de côté), en contact avec l’air et le ciel, fixée sur la stèle, à l’intérieur de laquelle seront enfermés des instants de vie du mort.
Le concept comprend donc une boite, avec une porte que l’on peut ouvrir à l’intérieur de cette boite se trouve un écran (type écran plat) qui une fois la porte ouverte diffuse pendant quelques minutes un ou plusieurs moments (successions d’instants) vidéo, de la vie du défunt.

Compte tenu de la multiplication des caméscopes et de la vidéo amateur ces dernières années, il est quasi systématique et très facile de retrouver des images vidéo de la vie de tous. Ces instants de vie pourraient avoir été choisis par le mort de son vivant ou être récupérés et choisis par ses héritiers. Dans le cas de couples la vidéo pourrait retransmettre des images des deux conjoints aujourd’hui enterrés. Les images sont stockées dans un mini disque dur de la taille d’une clé USB – Ces vidéos n’ont pas la prétention de représenter l’existence du défunt. Courtes, elles sont comme de minuscules touches de vie enfermées, qui se libèrent à chaque ouverture de la boite.

Extérieurement la boite peut être personnalisée par une couleur. Elle est fixée sur la stèle sur le côté, un passage le long de la tombe permet de s’en approcher. N’importe qui (qu’il connaisse ou non le mort) peut l’ouvrir et voir maintenant (présent) des instants de vie (passé) du défunt. Une fois finie la porte se referme, la vidéo s’arrête… pour redémarrer à la prochaine ouverture.

 

Le concept peut se généraliser et s’adapter à tout type de cimetière, il faut uniquement prévoir un branchement électrique à proximité de chaque tombe.
Fermée, la boite protège l’écran des intempéries, ouverte sa profondeur évite les reflets de la lumière du soleil sur l’image diffusée. Sa petite taille offre un rapport intime entre le mort et le vivant. Elle permet ainsi à chaque visiteur (même étranger au défunt) de (re)découvrir un échantillon de vie derrière un nom, réintroduisant ainsi la vie même au cœur de la mort. (fin d’une vie d’un autre temps)…
Le positionnement de la boite en contact direct avec l’air et le ciel, fait ‘contrepoids’ avec celui du cercueil sous la tombe et de son rapport à la terre. Elle renferme à jamais la représentation d’un moment de vie passé liant un corps mort à des instants devenus souvenirs toujours vivants…

 

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